Petit aperçu de la grève des Maîtres Nageurs et Maîtres Nageuses d’Angers

, par  UCL49

Voici ci-dessous un petit compte-rendu personnel sur la grève des Maîtres-Nageurs-Sauveteurs et Maîtres-Nageuses-Sauveteuses (MNS) d’Angers, qu’un MNS et militant syndicaliste a bien voulu nous partager.

[ceci est un compte-rendu personnel, partiel et partial d’un MNS, syndicaliste et pas encarté ni membre d’aucun groupe/parti politique]

Quand bien même la grève des Maîtres-Nageurs·euses-Sauveteurs·euses (MNS) n’est officiellement pas terminée, le résultat s’achemine vers une défaite totale. Un écrasement symbolique des MNS. Plusieurs sont déjà en partance pour des cieux plus hospitaliers ou au moins aspirent à partir des piscines d’Angers, à se reclasser voire même à changer de métier !

Il faut dire que la mairie, les élu·es, les grands directeurs et le responsable du plus grand équipement d’Angers y ont mis de l’énergie contre le collectif ou des individus. En vrac : menaces larvées quant à la suite de la carrière, menaces de passer en Délégation de Service Public pour les piscines (ou tout le moins Aqua Vita, sans doute prévue avant, et en faisant porter la responsabilité aux MNS), dissimulation des plannings pour tenter d’empêcher l’organisation de journées de grève, embauche de vacataires horaires tous les week-ends pour permettre l’ouverture d’Aqua Vita, utilisation de BNSSA (qui assistent les MNS) comme armée de réserve, refus de titularisation de précaires en affirmant que c’est à cause de la grève, tentatives d’opposer différentes catégories de personnels, etc. Tout ceci avec le mépris et les insultes des élu·es, dont le maire qui ira jusqu’à qualifier les MNS de terroristes, puisque ceux-ci et celles-ci prendraient en otage les angevin·es en particulier celles et ceux des milieux populaires alors que dans le même temps la collectivité ferme régulièrement les équipements dits de proximité dans ces quartiers (Monplaisir, Belle-Beille et Roseraie) y compris pendant toutes les vacances d’automne ! Nous pourrions écrire une page entière, mais citons encore pour la bonne bouche, le mépris, la suffisance, la condescendance, le dédain pour les travailleurs et travailleuses, les petites sournoiseries de l’élue en charge du dossier (d’ailleurs point d’élu aux sports, il n’est là que pour la galerie sans doute). À cela, il faut ajouter le refus de toute vraie discussion, de prise en compte des autres dans un dialogue ? Pour eux et elles, il faut dire « oui-oui mon bon maître » ; et là et seulement là, celles et ceux qui travaillent pour vivre, seraient des gens responsables.

Le point de départ ? Comme dans beaucoup de villes, la fameuse loi dite de transformation publique (libéralisation et destruction du service pour tous les publics seraient plus exact) : passage aux 1 607 heures officiellement. Les MNS d’Angers « n’avaient que » un peu moins de 1500 heures au bassin, mais le temps de préparation (pour les différents cours et différents publics), le maintien en forme par le sport étant fait à la maison, tout cela n’était pas pris en compte par la mairie. À cela il faut ajouter, que les horaires pris en compte sont ceux pris au début effectif du travail. S’il faut être à 8h30 au bassin on ne compte donc que dalle pour se mettre en maillot, traverser des équipements parfois gigantesques, prendre connaissance de nouveaux ordres, des mails et communications pro, l’installation du matériel pour les cours, etc. Pour certaines piscines, le temps ainsi « donné » par les MNS équivaut parfois à 2h30 par semaine !! Réponse à toutes ces demandes ? RIEN. Nous autres MNS sommes « indécent·es ». Notre employeur refuse de prendre en compte les spécificités du métier qui permet une réduction des heures (travail un week-end sur 3 - il faut parfois revenir sur les vacances ! -, le soir, le matin, en heures fractionnées, avec des usagers·ères parfois compliqué·es, dans un environnement de travail et chimique considéré à risque pour les professionnel·les...)

Deux MNS seulement n’ont pas fait grève (l’un qui a peur de tout, l’autre, sexiste, à quelques semaines de la retraite… !). Mêmes les agents précaires à l’année ou vacataires horaires ont fait grève, plus ou moins régulièrement.
Mais si cette grève dure depuis plus de 5 mois c’est tout autant contre le mal-être général qui existe dans les piscines d’Angers ; la gestion des agents du Directeur d’Aqua-Vita et surtout celui des Piscines (il y aurait tant à raconter : la volonté de celui-ci de faire travailler les agents le 1er Mai, le soir de Noël, ou le remplissage des bassins en pompant l’eau des bornes d’incendies pour aller plus vite, l’achat de public difficile en leur donnant des places gratos, etc.)
Si les MNS faisaient au départ naïvement confiance aux élu·es et grandes directions, ils·elles se sont vite aperçu que les deux directeurs en question n’étaient que la face pratique des choix politiquse de la mairie. Rappelons que Mr le maire souhaite être un futur ministre de la droite… On sait de quel côté du manche de l’Ordre social et ultra-libéral il sera !
Il faudrait aussi faire une critique, les manquements, les forces et faiblesses de nos organisations syndicales (Sud Ct et Fo) qui ont épaulé ou conduit (c’est selon) le mouvement. Il faudrait aussi expliciter pourquoi la disparation du métier de MNS est amplifiée par ce genre de politique ; les mêmes élu·es feront de grosses larmes de crocodiles l’été devant les noyades ou la sous-ministre des sports actuelles référençant les MNS prêt à aller donner des cours collectifs ou particuliers chez les propriétaires de piscines privées !!

Gigi Laprune

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