La politique de gestion du mal logement à la sauce ville d’Angers.

, par  UCL49

Au mois de juillet dernier, une famille sur 3 générations, de 4 adultes et 4 enfants, dont certains en bas âges, arrive sur le quartier de la roseraie à Angers. La famille s’installe sur un parking de résidence HLM, d’abord en tente puis grâce au soutien de plusieurs habitant·es, en caravane. Les habitant·es du quartier expriment "un devoir de solidarité" et leur apportent régulièrement vêtements et produits alimentaires.

La famille fait des demandes de logement social, à la fois pour du logement temporaire et du logement pérenne. Dans ces démarches, elle peut compter sur le soutien du Droit Au Logement 49 (DAL 49) et de Pas Sans Nous 49 (PSN 49), qui tentent d’accompagner et d’informer la famille autant que possible. Mais rien ne résulte de cela. La seule réponse obtenue est une orientation à la Halte de nuit. On ne pourra pas les accuser de juger sans savoir, car à défaut d’une réponse digne de ce nom, la famille accepte tout de même de se rendre dans le lieu d’hébergement. Zlata, la grand mère, décrit l’expérience ainsi : il n’y a aucune séparation ("intimité" ?), il n’y a pas de portes, 1 seul toilettes pour tous les hébergé·es, pas de sécurité sanitaire, pas d’eau chaude pour laver les petit·es, tout le monde se voit, il y a beaucoup d’alcool et de drogues, les petit·es sont spectateurs et spectatrices de tout ça toute la nuit. Et il faut partir dès 7h le matin... "Après avoir tenté l’expérience le temps d’une nuit, la famille fait le choix de retourner à leur caravane sur le parking du quartier populaire (lien reportage france3 PdL).

Selon leur expérience, les conditions d’accueil du lieu d’hébergement d’urgence leur sont encore plus insécurisantes et inappropriées que la vie sur ce parking. Les parents choisissent donc, dans l’intérêt de leurs enfants, la sécurité sociale et sanitaire d’un quartier qu’ils connaissent et où les habitants et les collectifs de soutien leur ont apportés bien plus d’humanité et de solidarité que les politiques sociales de la mairie d’Angers.

Alors que l’expression de soutien et de solidarité des habitant·es est plus que concrète, le bailleur, Angers Loire Habitat, décide de lancer une procédure d’expulsion et menace la famille d’une amende de 100 euros par jour. Menace mise en exécution sur décision de justice. "La police est venue nous dire qu’ils fallait partir ou payer 100 euros par jour. On a pas eu le choix, on s’est déplacé" , explique Zlata. Le militant des quartiers populaires qui nous accompagne, indique la peur de la famille est objective, en effet les intimidations de la police municipale se sont fait plus nombreuses avant le départ (destruction du camp et des affaires de la famille).

Le bailleur a exprimé lors d’un échange téléphonique avec les collectifs de soutien, qu’il y a une impossibilité de collaborer avec la famille car celle-ci ne serait absolument pas apte à vivre en logement locatif, du fait de sa culture. Au mépris de classe, ajoutez les préjugés racistes.

Les collectifs de soutien estiment que "le bailleur ne fait que déplacer le problème" et ajouter de la difficulté à la situation déjà si fragile d’une famille avec enfants en bas âges dont un nouveau né prématuré. Mariam la maman, a confié au militant que cet accouchement arrivé trop tôt était la conséquence de toutes ces angoisses, des tensions avec la police... Cette dernière, malgré le contexte, fait le trajet tous les jours à pieds, parfois en transport pour se rendre au chu et voir son enfant.

Des demandes ont été faites auprès des organisations en charge de l’hébergement d’urgence sur le territoire. Celles-ci ont indiqué ne rien pouvoir faire sans une commande de l’État, de la préfecture ou de la Direction départementale de la cohésion sociale...

Le positionnement de la ville, des pouvoirs publics et du bailleur est gravissime politiquement. Cette menace de l’amende de 100 euros par jour n’est rien d’autre qu’une occasion de se faire de l’argent sur la misère des gens, en plus de rendre le dialogue définitivement impossible. La violence et l’argent plutôt que la solidarité et l’humanité. Rien de nouveau en Anjou. Pourtant (cf l’enquête du journal local La Topette, numéro d’octobre/novembre), Angers n’a déjà pas bonne presse sur la question du logement, et cela depuis plusieurs années. On constate qu’il n’y a que les plus riches, les ami·es de l’équipe municipale actuelle, qui ne subissent pas cette crise du logement sur le territoire. Les étudiant·es, les demandeurs et demandeuses d’emploi, les intérimaires, les travailleurs et les travailleuses, les jeunes qui se lancent sur le marché du travail... La liste n’en finit plus de ceux et celles qui se retrouvent en difficulté face à la situation de l’immobilier sur Angers.

L’UCL49 exprime son soutien à cette famille et à toutes les victimes du mal logement en Anjou et ailleurs. Ils s’agit là d’un rapport de force, d’un rapport de domination où ce sont les plus fragiles qui sont accusé·es et harcelé·es. Et les plus favorisé·es qui font la pluie et le beau temps avec uniquement des intérêts financiers au détriment de ceux et celles qui luttent pour retrouver un logement digne. Des logiques d’une violence et d’un mépris de classe inouïes par ceux qui pensent que notre territoire, nos vies leurs appartiennent.

Des jours sombres s’annoncent tant que les mêmes resteront en charge des politiques sociales, de logement et plus globalement en gestion d’Angers et de son agglomération, et surtout tant que la logique capitaliste des profits et de la propriété privée continuera à primer sur la réponse aux besoins fondamentaux de la population.

Soutien aux mals logé·es, au DAL49, à PSN49 et à tous les collectifs d’habitant·es en lutte pour décider par elles·eux-mêmes et pour elles·eux-mêmes.